mardi 9 juin 2009
déménagement
jeudi 28 mai 2009
Massacre au crayon
On a passé des mois à écrire un roman. On l'a corrigé, relu, corrigé, relu, laissé reposer. Puis vient le moment où on a promis de le rendre à son éditrice. Alors on relit le roman de la première à la dernière page. On ajoute certes, on continue à corriger, mais surtout on supprime. On coupe des phrases (je dis phrases, mais ça peut être des passages entiers) pas terribles, des phrases qui paraissaient tellement bien. Et qui ne le sont pas (la perte de lucidité est inévitable en cours d'écriture, par période, et heureusement cela permet d'essayer des choses, de tenter, d'avancer, de ne pas se laisser arrêter). Ou, et là c'est terrible, des phrases qui sont bien mais qui ne s'intègrent pas au chapitre, au paragraphe. Il faut enlever. Et ce n'est pas triste parce que c'est au bénéfice de la forme de roman.
C'est un point de vue personnel : si on a un doute, c'est souvent une bonne chose de couper. Parfois c'est douloureux. Alors on réécrit, on plâtre, on cimente, ça peut marcher, mais pas toujours. Alors, on raye, on coupe.
Don't blame me, par le saxophoniste et flûtiste Yousef Lateef (qui n'est pas pianiste comme je l'ai écrit un peu plus tôt -avant l'intervention de Sad Old Punk).
Martin Page
Kinks et Beatles
Les commentaires de Ray Davies (Kinks) sur le nouvel album des Beatles, Revolver. C'est paru dans Disc and Music Echo Magazine en août 1967. C'est drôle, pertinent, et puis ça change un peu de l'idéalisation à l'égard des Beatles.
Taxman - "It sounds like a cross between the Who and Batman. It's a bit limited, but the Beatles get over this by the sexy double-tracking. It's surprising how sexy double-tracking makes a voice sound."
Eleanor Rigby - "I bought a Haydn LP the other day and this sounds just like it. It's all sort of quartet stuff and it sounds like they're out to please music teachers in primary schools. I can imagine John saying: 'I'm going to write this for my old schoolmistress'. Still it's very commercial."
I'm Only Sleeping - "It's a most beautiful song, much prettier than 'Eleanor Rigby'. A jolly old thing, really, and definitely the best track on the album.
Love You Too - "George wrote this - he must have quite a big influence on the group now. This sort of song I was doing two years ago - now I'm doing what the Beatles were doing two years ago. It's not a bad song - it's well performed which is always true of a Beatles track."
Here There and Everywhere - "This proves that the Beatles have got good memories, because there are a lot of busy chords in it. It's nice - like one instrument with the voice and the guitar merging. Third best track on the album."
Yellow Submarine - "This is a load of rubbish, really. I take the mickey out of myself on the piano and play stuff like this. I think they know it's not that good."
She Said She Said - "This song is in to restore confidence in old Beatles sound. That's all."
Good Day Sunshine - "This'll be a giant. It doesn't force itself on you, but it stands out like 'I'm Only Sleeping'. This is back to the real old Beatles. I just don't like the electronic stuff. The Beatles were supposed to be like the boy next door only better."
And Your Bird Can Sing - "Don't like this. The song's too predictable. It's not a Beatles song at all."
Dr. Robert - "It's good - there's a 12-bar beat and bits in it that are clever. Not my sort of thing, though."
I Want To Tell You - "This helps the LP through though it's not up to the Beatles standard."
Got To Get You Into My Life - "Jazz backing - and it just goes to prove that Britain's jazz musicians can't swing. Paul's sings better jazz than the musicians are playing which makes nonsense of people saying jazz and pop are very different. Paul sounds like Little Richard. Really, it's the most vintage Beatles track on the LP."
Tomorrow Never Knows - "Listen to all those crazy sounds! It'll be popular in discotheques. I can imagine they had George Martin tied to a totem pole when they did this."
Conclusion de Ray Davies :
"This is the first Beatles LP I've really listened to in it's entirety but I must say there are better songs on 'Rubber Soul'. Still, 'I'm Only Sleeping' is a standout. 'Good Day Sunshine is second best and I also like 'Here, There and Everywhere.' But I don't want to be harsh about the others. The balance and recording technique are as good as ever."
Vous aurez remarqué qu'il ne parle pas de For no one (pour moi la meilleur chanson de l'album, et peut-être même de toute l'oeuvre des Beatles). Je suis d'accord sur Yellow Submarine et Eleanor Rigby. Ah ah.
Flûte mes brocolis sont froids.
Ces jours-ci je vais commencer à lire Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir.
Tiens G. (photographe de l'agence photo voisine), vient d'entrer avec son bébé. Elle pleure.
J'ai encore fait des corrections sur mon texte sur Carnac pour le centre des musées nationaux qui va éditer un livre sur 100 monuments. Mon texte était trop long, dixit le responsable, j'en ai donc profité pour lisser et couper des choses pas nécessaires.
Il n'y a plus rien à manger ici. Je vais devoir faire des courses alors que je n'ai pas envie de sortir, la lumière est aveuglante aujourd'hui.
Parmi les nouvelles concernant le travail, Armand, l'éditeur des éditions Intervalles a été renversé par une voiture. Il a une fracture du tibia, j'ai eu des nouvelles ce matin, ça va mais il ne doit pas poser le pied pendant 45 jours.
Stéphane part faire de la voile aujourd'hui, dans le raz de Sein. Quel aventurier.
J'ai reçu le premier livre des éditions Rue Fromentin et il est beau. La préface a l'air bien (mais je suis un peu de parti pris, parce que l'auteur, N. U., a écrit un petit article sur le livre des préfaces, alors...).
J'ai bien envie de lire La Vie Solitaire de Pétrarque. De relire Walden, et en fait de partir un peu à la campagne. Et je cherche un roman à lire. Je ne lis pas de roman pendant l'écriture de mes livres, ou alors par bouchées.
Je retourne travailler.
Martin Page
dimanche 24 mai 2009
Finlande
lundi 18 mai 2009
Roman terminé, à finir
Dans la création, il y a beaucoup de destruction. De mots, de phrases, de personnages, de chapitres entiers que je détruits pour arriver au roman qui me satisfera. Le lecteur ne verra pas ces ruines, ces cimetières. Il peut s'en douter.
Je rends mon manuscrit fin mai. J'ai encore pas mal de travail. Je suis en train de relire, et il n'y a pas une page où je ne corrige, supprime, remplace. Et puis, il y a cette satanée fin que j'ai en tête et que je dois écrire. C'est une période excitante. Parce que terminer un roman, c'est un soulagement, un bonheur, il sera là, il va être imprimé et lu, il va exister. Surtout il y a le prochain livre qui se profile déjà. J'ai hâte de m'y mettre.
Martin Page
mardi 12 mai 2009
elegant soul
lundi 11 mai 2009
un ordre en majuscules
(je note pour plus tard : il y a plein de centres culturels étrangers à Paris (coréen, finlandais, mexicain, roumain...), j'ai bien envie de les explorer).
Je tiens ce carnet de notes pour parler travail. Depuis quelques années j'ai un style de vie qui observé par des extra-terrestres ne leur donnerait pas envie de venir sur Terre. Je me couche tôt (vers minuit, mais j'aimerais me coucher plus tôt encore), je me lève tôt. Je mange équilibré (oublions ce pot de purée de cacahouètes), je fais du sport (un peu), de la musique (depuis une semaine), je sors rarement, je ne bois pas d'alcool. Et ce style de vie n'est pas un effort, mais un plaisir. La mythologie de l'artiste autodestructeur a toujours ses adeptes (j'ai eu ma période). Certains (les idiots) sont déçus que l'on y adhère pas, à tel point que je soupçonne un voyeurisme sadique de leur part. Mais passons. C'est une telle tempête dans mon cerveau que j'ai besoin d'une vie tranquille et réglée. La stabilité de mon quotidien (la routine, je ne comprends pas pourquoi tant de gens ont peur de ce mot) permet de compenser la stabilité dont je manque. Il y a trop de courants de dépression, de chaos, d'idées qui naissent sans cesse, d'angoisse en moi. La tranquillité et un certain conformisme me sont nécessaires. Disons à conserver une relative homéostasie. Jean-Pierre Melville a dit de belles choses sur ça : l'importance de sa femme et de son chat, de sa vie familiale calme pour atténuer son intranquillité. Il a trouvé un équilibre. On peut lire cela dans le livre d'entretiens publié dans la petite collection des Cahiers du Cinéma.
Martin Page
ghost busters
Je me rends compte que ma manière de penser est adaptée à mon travail, mais que ce n'est pas évident d'être dans un rapport simple avec la réalité et les gens. Quand je parle à quelqu'un je me sens comme face à un nouveau robot mixer dont le mode d'emploi serait en japonais. Je suis un peu perdu au début.
J'aurais envie de quitter Paris aussi, quelques jours, pour souffler, et pour avoir le délicieux plaisir de retrouver ma ville.
Mon atelier est à Saint-Michel, à peu près en face (diagonalement) du quai des Orfèvres, et du Palais de Justice. Très souvent dans la journée des voitures de police, des camions de crs, des tas de véhicules officiels passent toutes sirènes hurlantes.
Martin Page
"prouvez-moi qu'il n'y a pas de rhinocéros dans cette pièce"
« Non, je ne veux pas parler de ça. Pour moi, c'est une catastrophe philosophique(...). C'est très triste (...). Ils ont foutu un système de terreur (rires), où sous prétexte de faire quelque chose de nouveau, c'est la pauvreté instaurée en grandeur. Il n'y a pas de mot pour décrire ce danger-là. C'est un danger qui revient, ce n'est pas la première fois (...). C'est grave, surtout qu'ils sont méchants, les wittgensteiniens. Et puis ils cassent tout. S'ils l'emportent, alors là il y aura un assassinat de la philosophie. C'est des assassins de la philosophie. Il faut une grande vigilance... (rires) »
Dans la biographie de Wittgenstein, il y a un passage qui m'avait frappé et enchanté : Ludwig poursuivant Bertrand Russel dans tout son appartement de Cambridge en lui criant " Prouvez-moi qu'il n'y a pas de rhinocéros dans cette pièce !" Et Russell soulevant les coussins, ouvrant les placards pour montrer l'absence de rhinocéros dans la pièce. Mais cela ne suffisait pas à Wittgenstein.
Oui un livre promet de belles scènes (j'ai vu le film de Derek Jarman sur Wittgenstein, je n'ai pas aimé, pas trop, je voudrais faire le contraire de ça). Il y aurait des cerfs-volants.
Martin Page
samedi 9 mai 2009
prairie oyster
fous, artistes et voleurs
Editeur est un métier (devrait être, en fait : beaucoup d'éditeurs ne font aucun travail d'édition, et se contentent de publier). Il a le même rôle que le producteur pour les groupes de rock pendant l'enregistrement d'un album (ou au cinéma, mais là il faudrait ajouter le monteur, le directeur de la photographie...). Il a la distance qu'un artiste a perdu à force d'être concentré dans la réalisation de son œuvre. Il y a quelques semaines une connaissance m'a demandé si mon éditrice me forçait à faire des corrections. La remarque est symptomatique : considérer un éditeur comme un genre de maître d'école autoritaire. C'est étrange de considérer un écrivain comme un enfant, mauvais élève potentiel. Que des écrivains, ou des aspirants écrivains, imaginent une relation hiérarchique entre l'éditeur et l'écrivain (ou l'acceptent, après tout des éditeurs jouent très bien les petits chefs) est inquiétant. Non, l'éditeur n'impose rien (il y a mille contre-exemples à ce que je dis : Selznick et Zanuck par exemple ; le meilleur film sur le sujet - la complexité des rapports entre créateur et producteur- est The Bad & the Beautiful de Minnelli ; voir aussi les relations entre le flegmatique et inflexible Hawks et ses producteurs). Il est au service du disque, du roman, du film, de la vision de l'artiste. Cela peut vouloir dire contredire l'artiste (ce que celui-ci pourra entendre s'il a confiance dans l'expertise de son interlocuteur, et si des affaires d'ego ne viennent pas tout gâcher -il y a un jeu très fin à jouer : à mon avis il faut être mégalomane et immensément ambitieux dans son travail tout en étant capable d'écouter un avis extérieur et de remettre en cause certains points, en quelque sorte être à la fois mégalomane et dépourvu d'égo). Après avoir lu le manuscrit, il est là pour pointer les problèmes (répétitions, illogismes, chronologie folle) qui ont échappé à l'auteur et pour lui suggérer d'aller plus loin dans certaines voies qu'il a emprunté. Bizarrement en littérature c'est quelque chose de moins connu, de moins dit qu'en musique ou qu'au cinéma (c'est vrai il n'y a pas d'Irving Thalberg de l'édition). Il y a ce mythe de l'écrivain seul et autocréateur. C'est vrai pendant la majeure partie de la création. L'éditeur apparaît à la fin. La piètre qualité de beaucoup de romans tient au fait que l'éditeur n'a pas fait son travail (pour être juste, il faut dire que certains auteurs refusent qu'on leur fasse la moindre remarque). Quelques grands producteurs : Roger Martin, Phil Spector, Daniel Lanois, et en France, le plus célèbre est sans doute Jean-Claude Vanier (lire sa page wikipedia est très instructif : il faudrait écrire une histoire de la musique centrée sur les producteurs, ça serai passionnant). L'autre est nécessaire à la bonne réalisation d'un travail artistique. Ce n'est pas toujours un producteur ou un éditeur, ça peut-être quelqu'un d'autre, un ami, des amis, une femme, un mari. Toute création se fait dans la solitude et à la fin dans la rupture de cette solitude.
Hier soir j'ai commencé mon nouveau cours de yoga. Cela s'appelle du Yoga Nidra et c'est trop cool : on garde pull et écharpe, on se couvre d'une couverture et on reste allongé pendant une heure. La prof nous demande d'imaginer le chemin de l'air dans différentes partie de notre corps, on écoute, on imagine. Je me suis presque endormi deux fois. Rien n'est plus relaxant. Si on arrive à tenir une heure sans bouger. Hum, ah oui au fait la moyenne d'âge doit être de soixante cinq ans. Cela se confirme, je suis déjà une personne âgé (j'ai fondé le club des sexagénaires de moins de quarante ans).
Mon roman est terminé. J'ai donc encore beaucoup de travail. Mais c'est la partie que je préfère : relire, corriger, laisser reposer, supprimer, ajouter, changer de place des paragraphes. J'ai dit à mon éditrice que je lui remettais mon roman fin mai (j'ai de la chance j'ai toujours eu de bons éditeurs : Dominique Gaultier au Dilettante, Geneviève Brisac à l'Ecole des Loisirs, Anna Pavlovitch pour mon essai sur la pluie, Alix Penent d'Izarn aux éditions de l'Olivier -et il faudrait mentionner toutes les autres personnes qui lisent un manuscrit, un ami, une assistante d'édition, le correcteur). Le soir je me couche en ayant hâte que le matin arrive pour me remettre au travail. Il n'y a rien de meilleur au monde.
Studio 60 on the sunset strip est une série fabuleuse (il n'y aura qu'une seule et unique saison). On retrouve Aaron Sorkin à l'écriture et dans un des deux rôles principaux Mathew Perry. Cette série porte sur le quotidien de la production d'un show comique à la Saturday Night Live. (note : il faudrait que l'on nous explique comment voir, autrement que par des moyens illégaux, des oeuvres importantes mais non distribuées en France, et dont on ne peut pas acheter les dvd d'origine, car les lecteurs dvd français ne font pas partie de la même zone; ou encore des oeuvres coupées et censurées).
Une amie vient de trouver un emploi. Elle a passé un entretien pour ça. Sauf qu'elle ne sera pas payée. C'est ce que lui a annoncé le directeur de la boîte (la violence commence là, pas dans la rue, pas par des voitures brûlées, pas par des séquestrations de patrons). Fataliste elle se dit que ça sera toujours un truc à mettre sur son cv. Je repense à des discussions que nous avons entre amis à propos de la loi hadopi et des sanctions contre ces petits voleurs de chansons et de films sur internet. Bien sûr on ne doit pas voler. Les lois contre le vol sont nécessaires et on devrait laisser sa place dans le métro aux personnes âgées. Mais c'est un peu court. La seule position tenable pour des artistes favorables à la répression serait celle de ceux qui poseraient le problème dans son ensemble. Tant qu'on continuera à ne pas payer les gens, ou pas assez, à ne pas mieux redistribuer les richesses, il y aura des petits voleurs (de pain, de chocolat, de fruits et légumes, de chansons, de films, de livres). Et ces voleurs auront raison. Si on ne se bat pas pour changer ça aussi, pour une autre société, soutenir la loi hadopi est une tartuferie.
Martin Page
mardi 5 mai 2009
traduction
lundi 27 avril 2009
comic strip 3
dimanche 26 avril 2009
comic strip 2
vendredi 24 avril 2009
comic strip
Voilà donc une première planche de présentation du comic-strip que je fais avec Clément (on peut cliquer sur l'image pour l'agrandir). Les trois personnages (les héros) principaux sont sur la gauche, les deux sur la droite sont des personnages secondaires.
Le comic-strip est une histoire en trois/quatre cases généralement. Cela peut être deux. De temps en temps, une "aventure" prend toute une page (les fameuses pages du dimanche). Les maîtres (disons, nos références) dans le domaine sont Schutz, Quino et Bill Watterson.
Il n'y a pas d'histoire au long cours, un univers se crée peu à peu, au fil des semaines, des mois, des années. De nouveaux personnages arrivent et se mêlent aux anciens. On est plus proche des haïkus que de la bd classique. Aux maîtres déjà cités, il faudrait rendre hommage à Basho.
A suivre.
Hier je me suis trouvé embarqué dans un version courte et parisienne de After Hours de Scorcese. Cela a commencé quand j'ai raté la lecture d'un ami, S., dans une librairie. Je suis retourné à mon atelier pour travailler. Une heure plus tard, cet ami m'appelle pour me proposer de le rejoindre à une expo. Je m'y rends. Je ne trouve pas l'entrée. Trois punks m'interpellent et me disent de les suivre. Leur ivresse m'a laissé pensé que je pouvais leur faire confiance. Une fois à l'intérieur de la galerie, je constate que c'est un squat. L'immeuble est entièrement squatté par des artistes. Je tombe sur un homme qui lance des couteaux contre un panneau en bois décoré (une peinture?). C'est un happening. Il y a bien une expo (d'un artiste qui travaille surtout avec du scotch, et de ses amis invités, dont l'amie de S.). Les tableaux ne sont pas posés aux murs, mais pendent à des fils, sont cloués, attachés à des poteaux ou autres morceaux de bois. Dans le désordre, cela donne : un pianiste, des moustachus, des gens habillés bizarrement, des conversations dans toutes les langues, un artiste qui a simulé le viol d'une poupée gonflable (je suis arrivé après, on m'a raconté), une bibliothèque, des combles, un étage, des ateliers de peintres sans aération, pas de sorties de secours et aucun extincteur, une vitre cassée par une voisine, du Coca tiède, un mec (il ressemblait à Nosferatu, très grand avec du maquillage autour des yeux, mais avec des cheveux) qui vient de se faire un fix et qui nous prend la tête ("avec la coke tu travailles par moments, alors que l'héroïne t'es dans la durée", "parce que tu vois, il faut respirer", "je lis surtout des livres sur les mathématiques, la sociologie, ce genre de choses", "je sais que j'ai un problème d'addiction, j'attends que quelqu'un me sauve", "moi ça fait vingt ans que je m'occupe de ce lieu, il y a 28 000 personnes qui sont venues", enfin bon je vous en passe). J'ai vu le moment où il allait sortir une tronçonneuse et jongler avec. Je suis parti. Quelques personnes très sympas, les discussions se tenaient dans les différents ateliers (l'expo était dans les deux grandes pièces du rez-de-chaussée). C'était vraiment très étrange.
La saison s'y prête, je me mets aux thés verts (chinois). Il y en a de très bons à la Maison des Trois Thés (et également chez Thés de Chine -j'ai renoncé à me fournir ailleurs, ah si quand même Teamasters via internet), et ils sont abordables (aux alentours de 11 euros) : Bi Yun Tian, Gui Lin Yu Luo, Xian Xia Lan Cui. J'ai pris aussi un thé rouge (ce que l'on appelle thé noir usuellement), Dian Hong Mao Feng (pour 10 euros, une merveille ; je ne suis pas fan des thés rouge mais de temps en temps c'est agréable). J'ai acheté deux oolongs pour la consommation courante (peu chers donc, 16 et 14 euros) : le Shui Xian 1 (le genre de thé que l'on apprécie si l'on aime les vieux alcools, son goût fort le rend très accessible) et le Mi Lan Xiang 1 (un dan cong, aux notes d'agrumes).
Martin Page
mardi 21 avril 2009
bougies
J'ai terminé de corriger les épreuves de l'édition poche de Peut-être une histoire d'amour. Quelques phrases supprimées, des mots changés. En tout, une vingtaine de petites corrections.
Cela faisait deux ans que je n'avais pas organisé de soirée. Il y a eu deux bonnes nouvelles dernièrement. Alors je me suis dit, allez. Je n'ai aucun sens de la mesure. J'ai donc acheté près de trois kilos de charcuterie espagnole, des anchois, des poivrons en bocal (pimento piquillo ali). Pour équilibrer tout ça, du fromage m'a semblé une bonne idée. Il y a eu quelques difficultés d'organisation. Tout le monde (en fait pas grand monde, je n'aime que les soirées assez désertes) n'était pas libre mercredi. J'ai donc étendu ma fête à samedi. C'était une fête en deux parties, comme Golem de Casken, comme les doubles-programmes dans les vieux cinéma (au Brady par exemple) (mes soirées sont toujours bizarres : il y a deux ans, j'avais convié mes invités à cinq heures du matin -non ce n'était pas une after, il fallait avoir dormi avant- pour voir le soleil se lever). J'ai allumé des bougies partout dans l'atelier (le courant avait été coupé en début de semaine, erreur d'EDF, tout est rentré en ordre lundi). Un fil (trois rallonges) courait sur le sol jusque dans le couloir pour alimenter la machine à musique (Cartola, Vinicius de Moraes, les Kinks, Pulp, Belle & Sebastian). C'était doux.
A un moment, Maude (dans Harold & Maude) dit "Tout le monde devrait jouer d'un instrument de musique". Je suis un spectateur obéissant, je me suis donc acheté le flügelhorn (genre de trompette au son plus chaud et rond) dont je rêvais. J'ai eu peur d'entrer dans le magasin de musique boulevard de Sébastopol. J'ai passé du temps devant la vitrine, à passer et repasser devant l'entrée. C'était immense, les instruments brillaient comme des trésors. Finalement ça s'est bien passé.
Parmi mes quelques projets en cours, un bouleverse mes habitudes : je fais une bande dessinée, je veux dire, j'écris l'histoire et je dessine. Je dessine très mal (pire que ça). Mais d'ici quinze ans ça devrait ressembler à quelque chose. Cela ne me gêne de mal dessiner, j'aimerais juste que mon héros mal dessiné se ressemble d'une case à l'autre. Mon dessin est psychotique.
Le comic-strip avec Clément avance bien. Je poste deux planches de présentation des personnages demain.
Pendant tout un temps j'ai eu l'impression que beaucoup de films se servaient d'une certaine chanson de Nina Simone (ça allait de Les Fils de l'Homme à Actrices de Valeria Bruni-Tedeschi). C'était étrange. Je ne sais plus de quelle chanson il s'agissait. En ce moment j'écoute surtout Cherish (album Silk & Soul, 1967).
Martin Page
dimanche 12 avril 2009
magie
Ces "trucs" de magicien comme on dit, les romanciers les utilisent. Il y a une proximité entre le roman et la magie, que je ne m'explique pas bien encore, juste l'intuition que ce n'est pas très différent, que c'est la même famille (similitudes dans le rapport au public aussi). Le contraire de la religion.
Mallarmé est bien trop compliqué pour moi, mais sur ce sujet, voilà un article qui me plaît beaucoup.
On ne parle pas souvent de technique en littérature. Dans le processus de création d'un roman, il me semble qu'il y a un directeur de la photographie, un monteur, un producteur, un cadreur, un ingénieur du son...
En allant à la fête vendredi soir, je suis passé par la petite rue Robert Houdin (le grand magicien français). On pénètre dans une petite cité hlm. Des jeunes jouaient au foot au milieu de la rue. D'un coup je me suis retrouvé dans la cité où mon frère et moi avons habité avec notre père à Viry-Châtillon pendant un temps. Le passé est tombé comme une pluie tropicale. En quittant la fête, je suis passé par la rue du Faubourg du Temple. Au niveau de la rue Robert Houdin, et ce sur une centaine de mètres, il n'y a pas de lampadaires (ou bien les lumières étaient cassées). C'était une parenthèse bienvenue dans ce quartier animé. Une cachette. Dans les bizarres ténèbres de la rue, tout était calme et différent.
Dans La Cerisaie, il y avait les tours de magie de Charolotta Ivanovna (Irina Dalle). C'était merveilleux.
Martin Page
oubli
samedi 11 avril 2009
dépendance
Ponyo
vendredi 10 avril 2009
je ne vais certainement pas parler politique
Crumb
jeudi 9 avril 2009
une boîte de sardines en chocolat
genèse
mardi 31 mars 2009
plaisir
mercredi 25 mars 2009
un film raté réussi
L'amour est possible si on meurt deux fois (tiens ça pourrait faire un titre de James Bond) et si on est prêt à écouter les fantômes et à leur rendre justice. Koepp a très bien saisi le jeu amoureux des deux personnages (Ricky Gervais et Téa Leoni) et les efforts que chacun déploie pour effrayer l'autre (maladresses, blagues atroces, gros chien effrayant et puant) par peur de l'amour qui arrive. Cette capacité à donner des raisons à l'autre de se méfier est le signe de la sincérité de nos deux tourtereaux, de leur manque d'assurance de coeurs blessés. Le point culminant est la Faute Grave du personnage de Ricky Gervais qui va permettre à Téa Leoni d'interrompre l'histoire qui était en train de naître. L'excuse est parfaite pour retourner à sa vie morne et à son nouveau compagnon avocat merveilleux (c'est un peu invraisemblable qu'elle finisse par préférer Ricky d'ailleurs).
Ricky Gervais ne peut pas vraiment mourir (les deux morts sont temporaires), car il n'est pas vraiment vivant. C'est un être pas tout à fait vivant mais pas mort non plus qui n'a sa place nulle part. A la fin, il fait le choix de la vie (quand Mrs. Muir fait le choix de la mort ; quand Celia -dans la RPdC -fait le choix d'être une spectatrice). Mince c'est un film romantique. Ce film n'est pas aussi raté que ça, je crois que c'est surtout de la maladresse. Koepp a fait un film maladroit, comme l'on peut-être un amoureux maladroit. La gémellité entre l'amour maladroit du héros du film et le film maladroit de Koepp est troublante. Ils font les mêmes erreurs. Tiens, tiens.
Martin Page